🇨🇱 L’archipel de Chiloé

Chiloé constitue un monde à part, une des régions les plus fascinantes du Chili, d’une personnalité et d’une culture singulières, issues de la rencontre entre les ethnies indigènes et les colons espagnols.

Mardi 6 Février–Température 15.5–Départ 10H30-temps mitigé avec quelques averses

Direction Pargua pour prendre le bateau vers île de Chiloé- Nous prenons le bateau à 12H10, sans réservation, et nous arrivons après 20 mn de traversée à Ancud. Le temps n’est pas très beau et chaud, un petit 15°. Nous avons ressorti tricots, bonnets et gants.Après la pause-déjeuner, nous partons visiter le complexe culturel Chilotur.

Un peu d’histoire : il y a plus de 10 000 ans, ces îles étaient inconnues de l’homme. Les premiers groupes humains à atteindre et à vivre dans l’archipel furent les Chonos, un groupe d’indigènes qui parcouraient dans leurs canoes (dalcas) la mer intérieure et vivaient des ressources de la mer (poissons et crustacés). Mais leur civilisation disparut peu à peu jusqu’à s’éteindre au XVIII siècle, au contact des colons européens. Toutefois la toponymie des îles est l’héritière de leur civilisation. On a également retrouvé des traces de leurs zones d’habitat au cours de fouilles archéologiques. Après les Chonos, les Veliche, ou Huilliche de Chiloé ont été la seconde ethnie à arriver dans l’archipel. Ce peuple d’agriculteurs et de pêcheurs contribua au déplacement des Chonos vers le Sud. Les descendants de ces pionniers habitent toujours à Chiloé et leur apport à la culture de l’archipel a été majeur tout au long de leurs cinq siècles de vie dans les îles. En 1567, soit 27 ans après le début de la conquête du Chili, le processus de conquête de Chiloé commence. Le gouverneur du Royaume Rodriguo de Quiroga, confie à son gendre Don Martin Ruiz de Gamboa y Avendano, la mission de rattacher l’archipel à la couronne d’Espagne.  Celui-ci traverse le canal de Chacao avec une troupe de plus de cent hommes. Arrivé au centre de l’île, il fonde un jour de février, la ville de Santiago de Castro, la ville la plus australe des possessions de la couronne espagnole. Le nom de Santiago est donné en hommage au saint patron de l’Espagne et celui de Castro en souvenir du second nom de famille du vice-roi du Pérou. Quant à l’archipel, il est rebaptisé Nueva Galicia en raison de l’origine galicienne de Gamboa. Mais l’usage n’a finalement retenu que le vocable huilliche »Chiloé ».

Après les premiers colons arrivent des missionnaires franciscains qui travaillent à convertir les populations locales. Cette œuvre est poursuivie par les jésuites qui arrivent dans l’île en 1608 et ont une influence déterminante dans la création d’une nouvelle identité insulaire. Les jésuites procèdent de façon méthodique dans leur entreprise d’évangélisation de l’ensemble de l’archipel, créant un système de missions circulaires afin de visiter chaque année les nouvelles églises, chapelles et paroisses. A chaque nouvelle fondation est associé un saint patron avec les manifestations de foi correspondantes. Les jésuites ouvrent également des écoles à Castro, Achao et Chonchi poursuivant leur œuvre jusqu’à leur expulsion du royaume d’Espagne en 1767. L’évangélisation et la responsabilité religieuse de l’île sont alors confiées à l’ordre des franciscains. L’héritage légué par les jésuites a eu un impact déterminant sur l’identité insulaire. La ville d’Ancud est située à 88 kms au nord de Castro, sur les rives du golfe Ancud. Ce nom viendrait du vocable « Ancun » qui signifie « montagne ventrue », « terre fertile ». Un terrible raz-de-marée dévasta le port en 1960, et détruisit presque toutes les maisons sur pilotis, et mis fin à la liaison ferroviaire  Ancud-Castro. Depuis 1982, la capitale provinciale a été transférée à Castro.

Anecdote : (dommage pour le cocorico, le détroit de Magellan aurait pu être français). L’histoire de la goélette Ancud se confond avec celle de la prise de possession de la région de Magellan et de la création de Punta Arenas par les Chiliens. L’initiative de cette expédition est à mettre au crédit de Bernard O’Higgins qui, depuis le Pérou, exprima le désir de voir le Chili s’approprier cette région, très importante stratégiquement et convoitée par plusieurs puissances européennes. Le président du Chili, Don Manuel Buines, reçut les missives d’O’Higgins et mandata un nouvel intendant à Chiloé avec pour mission de mettre sur pied une expédition qui rendrait effective la souveraineté du Chili sur la région de Magellan. Cet homme, Don Domingo Espineira, arriva à Ancud à la mi-avril 1842. Il chercha une embarcation apte à effectuer l’expédition mais, n’en trouvant pas, il mit en chantier le premier bateau de guerre bâti à Ancud. Ainsi naquit la goélette du même nom. Elle quitta le port de la ville le 22 Mai 1943, fit escale à Dalcahué et à Curaco de Velez, pour compléter son équipage et embarquer des vivres, puis s’engagea dans le Golfe de Corcovado. Le voyage se déroula sans incidents majeurs jusque dans le Golfe de Penas, où le navire subit une avarie très importante, une brèche dans la quille. Le bateau réussit à atteindre avec difficulté Puerto Americano où on tenta de le réparer. Mais le port ne disposait ni du matériel nécessaire, ni des vivres indispensables pour remplacer celles perdues lors de l’avarie. Aussi sept hommes furent envoyés à Chiloé sur un petit bateau pour y chercher des vivres et le nécessaire pour réparer. Partis le 3 Août, ils débarquèrent cinq jours plus tard à Dalcahué. L’un d’eux rejoignit Ancud à cheval et fut reçu par l’intendant qui lui fournit un bateau et le matériel demandé. Le 26 Août, les sept hommes étaient de retour à Puerto Americano. La goélette put repartir le 9 septembre et elle atteignit le détroit de Magellan sans encombre. Le 21 Septembre, des membres de l’équipage mirent pied à terre à Punta Santa Ana et prirent possession de la région au nom du gouvernement chilien en hissant le drapeau national. Le jour suivant, un autre navire apparaissait dans le détroit de Magellan, il s’agissait d’un navire français, le Phaeton, qui vint jeter l’ancre à côté de la goélette Ancud. Les Français firent une tentative pour s’approprier le territoire mais ils durent s’incliner devant les Chiliens. Ainsi des habitants d’Ancud et de Chiloé furent les premiers colons de la région de Magellan. Après avoir souffert d’épidémies, du climat et de la mauvaise situation géographique, ces premiers habitants quittèrent Fuerte Bulnes, le premier endroit où ils s’étaient installés, et fondèrent un nouveau village à Punta Arenosa en 1848. Ainsi fut créer Punta Arenas.

Mercredi 7 février – 10H00 – Temps mitigé

Nous prenons le bateau pour aller voir la Pinguinera Punihuil, où plusieurs colonies de deux espèces de pingouins  vivent sur des petits ilots rocheux. Les pingouins magellaniques et les pingouins de Humboldt, en voie d’extinction… (voir article précédent pour les petits écoliers)

Après une ballade en mer de 45 mn, nous regagnons la terre. Nous prenons une piste sinueuse qui nous amène à un point de vue magnifique, avant de prendre la direction de Quemchi. C’est un petit port sur la rive orientale de la grande île de Chiloé. Son nom signifie « terre argileuse » ou « terre ferrugineuse ». La ville s’étend le long du canal Caucahué et fait face à l’île du même nom. Quemchi est la ville où naquit Francisco Coloane Cardenas, écrivain ayant obtenu le prix national de littérature, dont nombre de ses écrits ont été traduits en français (Terre de feu, Antartida, Le sillage de la baleine). Nous visitons cet endroit fondé au début du XIX siècle qui ne possédait que 4 maisons dont celle du père de Coloane. L’activité portuaire débute dans les années 1870 avec l’arrivée des premiers brigantins étrangers, en quête de bois destiné à l’exportation. La ville développe les activités de transformation des produits de la mer. Les deux premières décennies du XIV siècle voient le village se peupler, notamment avec l’arrivée des colons allemands et aussi français. Quemchi dispose alors d’un théatre, d’hôtels ainsi que des services publics (mairie, école…)

De retour au camion, nous trouvons sur le pare-brise, une publicité sur « Le Petit Plaisir » café et nous décidons d’y aller faire un tour. C’est un toulousain Marc et son épouse chilienne qui ont ouvert ce sympathique lieu où nous dégustons des délicieuse crêpes avec un thé. Un détour à faire, si vous passez par Quemchi.

Bivouac à côté de l’île Aucar.

Jeudi 8 Février – Température 16° -Départ 11H00 – Temps mitigé

Un peu de marche ce matin, pour aller visiter l’île Aucar « la Isla de los Almas Navegantes » (l’Ile des âmes navigantes) , accessible par une longue passerelle, c’est un lieu où la nature et la spiritualité s’unissent.  De l’autre côté, une petite chapelle « Nuestra Senora de la Mercédes », un petit cimetière avec quelques tombes, des arbres, des fleurs, et des belles vues sur les alentours.

Nous reprenons la route, nous voilà à Quiquavi, nous longeons la côte du Golfe de Ancud, pour arriver à Tenaun, avec son église bleue du XIX siècle. Puis Dalcahue, située à 20 kms au Nord Ouest de Castro, son nom signifie « lieu des dalcas (type d’embarcation des indigènes de Chiloé). A l’origine, foyer de peuplement indien, elle s’est ensuite développée avec la construction d’une chapelle, la population était alors composée de 637 espagnols et de 25 indiens (1766-1788).

Le temps est mitigé entre pluies et éclaircies. Direction « Isla Quinchao », agréable petite île qui a conservé son caractère champêtre reposant que nous découvrons.

Achao, son village principal est un petit port de pêche niché au creux d’une jolie baie avec son église « Santa Maria de Loreto » faite en bois d’alcerce et de cyprés, c’est la plus ancienne église de l’archipel construite en 1764, superbe témoignage de l’architecture jésuite chilote (inscrite au Patrimoine de l’Humanité).

Nous continuons vers Villa Quinchao, un tout petit bled blotti contre la plage. Son église a été également déclarée au patrimoine de l’Humanité, elle est la plus vaste de l’archipel (52,8 m de long, 18,4m de large et une tour de 18,3 m) construite à la fin du 18ième Siècle, terminée en 1880. Nous bivouaquons devant l’école en bordure du Golfe d’Ancud.

Vendredi 9 Février-Température 12°-Temps mitigé-Départ 11H00

Nous nous apprêtions à partir quand nous voyons arriver un Toyota Land Cruiser français immatriculé en Gironde (33). Sophie et Jérémie, deux jeunes marseillais en voyage. Nous passons un moment à échanger sur nos différents parcours. Une photo et un commentaire pour cette rencontre bien sympathique.

Chéquian et sa petite école . 

Beaucoup d’élevages de saumons en bordure de côte. Curaco de Velez, petite bourgade isolée, en partie détruite lors du tremblement de terre de 1960 et dont l’église est partie en fumée en 1971 lors d’un incendie. On y trouve de belles maisons datant de l’époque dorée du village au XIXième siècle, à l’époque de la chasse aux baleines.

Nous reprenons le bateau vers 15H15 pour arrivée à 15H25 à Dalcahué. (Prix de la traversée 2500 pesos : 3,50€). Direction Castro et ses « palafitos »(maisons sur pilotis), ces maisons typiques colorées sont situées à l’entrée nord de la ville par laquelle nous arrivons. Son église San Francisco de Castro, entièrement construite de bois, sans un clou ni autre élément de fer, présente un travail de charpente et d’ébénisterie impressionnant. 

Il nous faut prendre des renseignements sur la traversée Quellon Chaïten, puis sur la route entre Chaïten et Santa Lucia, apparemment fermée, suite à une coulée de boue qui a emporté un village en décembre 2017. Les recherches se poursuivent pour retrouver les corps de personnes disparues. Après informations prises auprès des services maritimes, il n’y a plus de place disponible sur le ferry, et il nous faut attendre trop longtemps, pas avant le 20 Février. Nous décidons donc de retourner vers Osorno, Entre Lagos, et passer la frontière Chili-Argentine du côté de Bariloche, après avoir visité Chiloé. Petit détour par Cucao, toujours sur l’île de Chiloé, côté Pacifique, où nous bivouaquons en bordure de plage.

Samedi 10 Février – Temps couvert – Température 11°-Départ 10H00

Chonchi surnommée la ville aux trois étages, en raison de sa pittoresque situation, accrochée à la colline. Retour sur Castro, où nous constatons que Samy a le pneu avant gauche, un peu dégonflé. Sancho vérifie, et un petit coup de compresseur, nous repartons. Si problème persiste, nous irons voir un garagiste. Compte tenu du changement d’itinéraire, il nous faut revenir sur Ancud pour reprendre le ferry, direction Puerto Montt. Traversée Chacao-Pargua 20 mn. Il fait 21°.

Mythologie : Chiloé est une île de surprises, elle baigne dans un univers de mythes demeurés très vivants et d’une grande épaisseur poétique, en voici les principaux représentants : le Caleuche, bateau fantasmagorique dont l’équipage est composé de sorciers et prisonniers. L’Invunche, être humain fauleux déformé par les sorciers. La Pincoya, déesse de la fertilité de la mer et des plages. Le Trauco, nain avec des traits grossiers et plutôt difformes. La Vache marine, La Voladora (sorcière), le Basilisco (couleuvre), la Sirène, La Piruquina, le Fiura (femme horriblement laide), le Cuchivilu (cochon), le Camahueto ou la Licorne prodigieuse.

A suivre …..         

 

    

 

  

 

 

 

 

5 commentaires sur “🇨🇱 L’archipel de Chiloé

  1. C’est magnifique . Vous nous faites voyager avec vous et nous ne pourrons pas assez vous dire  un gros “merci” du fond du cœur pour toutes ces belles découvertes.

    Grosse bises à vous deux,

    Monique & Joseph

    1. Un petit message depuis l’Argentine, où nous passons quelques jours avant de partir une petite semaine en Uruguay. Puis nous laissons Samy (le toyota) au port de Montevideo, le 17 avril. Après retour à Buenos Aires chez nos amis Stella et Osvaldo, et retour à THEZE, le 20 Avril. Merci pour votre message. Nous sommes heureux de vous faire partager notre voyage. Amitiés. Myriam et Yves.

  2. Belle tranche d’histoire sur le Detroit de magelan , c’est toujours super intéressant …

    Il doit y avoir de fortes marées quand je vois la hauteur de ces pontons. ..

    Alors un toy immatriculé en gironde avec des Marseillais. ….c’est bizarre non??

    Et le prix de votre traversée à 3,50 €….c’est imbatable!!!

    Profitez bien des quelques semaines qu’il vous reste….ici il ne fait pas beau et on a eu de la neige en début de semaine dernière.

    A

    Bonne route, merci pour la partie historique du détroit de Magelan et vivement le passage en Argentine

    Bises

    José

    Ps: Mimi, mais tu es repassée chez le coiffeur???

     

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